Montesquieu, Dissertation on Politics in Roman Religion (Part 7)
It is true that the Romans occasionally punished a general for not following the guidance of the omens; and this too was a new effect of Roman politics. They did not want it to seem to the people that misfortune, captured cities, or lost battles were the effect of a bad condition of the state or of the weakness of the Republic; they preferred that it seem rather the impiety of one citizen, against whom the gods were angered. With this persuasion, it was not difficult to gain the trust of the people. To achieve this, there was no need for ceremonies or sacrifices. Thus, whenever the city was menaced or afflicted by some misfortune, they did not fail to look for the cause, which was always the anger of some god whose cultivation they had neglected. It sufficed, in order to regain their goodwill, to make some sacrifices and some processions, to purify the city with torches, sulphur, and salted water. It was necessary for the victim to tour the ramparts before being slaughtered, and this practice was called the sacrificium amburbium and the amburbiale. They sometimes purified their armies and their fleets, after which they recovered some courage.
Scaevola, the pontifex Maximus, and Varro, one of their great theologians, said that it was necessary for the people to be ignorant of many true things, and to believe many false ones. Saint Augustine said that Varro had discovered in this the secret of politics and of ministers of the state.
This same Scaevola, according to Augustine, divided the gods into three classes: those who were established by the poets, those who were established by the philosophers, and those who were established by the magistrates, a principibus civitatis.
Il est vrai qu’on punissait quelquefois un général de n’avoir pas suivi les présages; et cela même était un nouvel effet de la politique des Romains. On voulait faire voir au peuple que les mauvais succès, les villes prises, les batailles perdues, n’étaient point l’effet d’une mauvaise constitution de l’État, ou de la faiblesse de la république, mais de l’impiété d’un citoyen, contre lequel les dieux étaient irrités. Avec cette persuasion, il n’était pas difficile de rendre la confiance au peuple; il ne fallait pour cela que quelques cérémonies et quelques sacrifices. Ainsi, lorsque la ville était menacée ou affligée de quelque malheur, on ne manquait pas d’en chercher la cause, qui était toujours la colère de quelque dieu dont on avait négligé le culte: il suffisait, pour s’en garantir, de faire des sacrifices et des processions, de purifier la ville avec des torches, du soufre et de l’eau salée. On faisait faire à la victime le tour des remparts avant de l’égorger, ce qui s’appelait sacrificium amburbium, et amburbiale. On allait même quelquefois jusqu’à purifier les armées et les flottes, après quoi chacun reprenait courage.
Scévola, grand pontife, et Varron, un de leurs grands théologiens, disaient qu’il était nécessaire que le peuple ignorât beaucoup de choses vraies, et en crût beaucoup de fausses: saint Augustin dit que Varron avait découvert par là tout le secret des politiques et des ministres d’État.
Le même Scévola, au rapport de saint Augustin, divisait les dieux en trois classes: ceux qui avaient été établis par les poëtes, ceux qui avaient été établis par les philosophes, et ceux qui avaient été établis par les magistrats, à principibus civitatis.