Omens Cheerfully Disregarded

Montesquieu, Dissertation on Politics in Roman Religion (Part 7)

The Sicilians, having embarked to make an expedition in Africa, were so terrified by a solar eclipse that they were on the point of abandoning their enterprise; but their general demonstrated to them that ‘In truth, this eclipse would have been a bad omen if it had appeared before their embarkation, but since it didn’t appear until afterward, it could portend ill for none but the Africans.’ With this, he caused their fright to cease and found, in a subject of fear, the means of augmenting their courage.

Caesar was warned several times by the priests not to go to Africa before the winter. He didn’t listen to them, and thus headed off his enemies who, without this diligence, would have had the time to regroup their forces.

Crassus, during a sacrifice, having let a knife fall from his hands, took it as a bad omen; but he reassured the people in saying to them, ‘Take heart! At least my sword has never fallen from my hands!’

Lucullus was prepared to give battle to Tigranes, and someone came to him to tell him that it was an unlucky day. ‘So much the better,’ he said, ‘will we make it a good one through our victory.’

Tarquinius Superbus, wishing to establish some games in honor of the goddess Fury, consulted the oracle of Apollo, who responded obscurely that he needed to sacrifice heads for heads, capitibus pro capitibus supplicandum. This prince, more cruel than superstitious, preformed a sacrifice of children; but Junius Brutus changed this horrible sacrifice: for he made it happen with the heads of garlic and poppy, and by that either fulfilled or deceived the oracle.

One could cut the Gordian knot when one was unable to untie it. Thus Claudius Pulcher, wishing to engage in a naval combat, had the sacred chickens thrown into the sea, saying, ‘Well, let them drink, since they don’t wish to eat!’

Les Siciliens, s’étant embarqués pour faire quelque expédition en Afrique, furent si épouvantés d’une éclipse de soleil, qu’ils étaient sur le point d’abandonner leur entreprise ; mais le général leur représenta « qu’à la vérité cette éclipse eût été de mauvais augure si elle eût paru avant leur embarquement, mais que, puisqu’elle n’avait paru qu’après, elle ne pouvait menacer que les Africains ». Par là il fit cesser leur frayeur, et trouva, dans un sujet de crainte, le moyen d’augmenter leur courage.
César fut averti plusieurs fois par les devins de ne point passer en Afrique avant l’hiver. Il ne les écouta pas, et prévint par là ses ennemis, qui, sans cette diligence, auraient eu le temps de réunir leurs forces.
Crassus, pendant un sacrifice, ayant laissé tomber son couteau des mains, on en prit un mauvais augure ; mais il rassura le peuple en lui disant : « Bon courage ! au moins mon épée ne m’est jamais tombée des mains. »
Lucullus étant près de donner bataille à Tigrane, on vint lui dire que c’était un jour malheureux : « Tant mieux, dit-il, nous le rendrons heureux par notre victoire. »
Tarquin le Superbe, voulant établir des jeux en hon-neur de la déesse Mania, consulta l’oracle d’Apollon, qui répondit obscurément, et dit qu’il fallait sacrifier têtes pour têtes, capitibus pro capitibus supplicandum. Ce prince, plus cruel encore que superstitieux, fit immoler des enfants ; mais Junius Brutus changea ce sacrifice horrible ; car il le fit faire avec des têtes d’ail et de pavot, et par là remplit ou éluda l’oracle.
On coupait le nœud gordien quand on ne pouvait pas le délier ; ainsi Claudius Pulcher, voulant donner un combat naval, fit jeter les poulets sacrés à la mer, afin de les faire boire, disait-il, puisqu’ils ne voulaient pas manger.

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