Montesquieu, A Dissertation on Roman Politics (Part 1):
It was neither fear nor piety which established religion among the Romans. Rather, it was the necessity by which all societies must have one. The first kings were no less attentive to managing cult and ceremonies than they were to giving laws and building walls.
I find this difference between Roman lawgivers and those of other people, namely that the Romans made their religion for the state, while others made the state for religion. Romulus, Tatius, and Numa subjugated the gods to law: the cult and the ceremonies which they established were found so wise that, when the kings were chased away, the yoke of religion was the one thing which this people, in their madness for liberty, did not dare to let go of.
When the Roman lawgivers established religion, they didn’t think at all about the reformation of custom, except to give some moral principles: they didn’t want to impose an obstacle on the people who still didn’t know them. So they didn’t at first have anything but a general view, which was to inspire in the people, who didn’t fear anything, a terror of the gods, and for this fear to be used to drive their imagination.

Ce ne fut ni la crainte ni la piété qui établit la religion chez les Romains ; mais la nécessité où sont toutes les sociétés d’en avoir une. Les premiers rois ne furent pas moins attentifs à régler le culte et les cérémonies qu’à donner des lois et bâtir des murailles.
Je trouve cette différence entre les législateurs romains et ceux des autres peuples, que les premiers firent la religion pour l’État, et les autres l’État pour la religion. Romulus, Tatius et Numa asservirent les dieux à la politique: le culte et les cérémonies qu’ils instituèrent furent trouvés si sages, que, lorsque les rois furent chassés, le joug de la religion fut le seul dont ce peuple, dans sa fureur pour la liberté, n’osa s’affranchir.
Quand les législateurs romains établirent la religion, ils ne pensèrent point à la réformation des mœurs, ni à donner des principes de morale; ils ne voulurent point gêner des gens qu’ils ne connaissaient pas encore. Ils n’eurent donc d’abord qu’une vue générale, qui était d’inspirer à un peuple, qui ne craignait rien, la crainte des dieux, et de se servir de cette crainte pour le conduire à leur fantaisie.