Montesquieu, Diverse Thoughts:
Cicero, in my opinion, is one of the greatest minds who have ever lived: his soul was always beautiful when it wasn’t weak.
Two masterpieces: the death of Caesar in Plutarch, and that of Nero in Suetonius. In one, we begin to feel for the conspirators whom we see in danger, and then for Caesar, whom we see killed. In the death of Nero, one is astonished to see him obliged by degrees to kill himself, without any cause to restrict him, and yet in a way that he cannot avoid.
Vergil, inferior to Homer in variety and grandeur of his characters, is equally admirable for his invention, and for the beauty of his poetry.
A nice phrase of Seneca: Enjoy present pleasures in a way that doesn’t ruin future ones.
The same error of the Greeks saturates all of their philosophy: bad physics, bad morals, bad metaphysics. They don’t perceive the difference which exists between positive and relatives qualities. Aristotle fooled himself with his dry, his humid, his warm, his cold. Plato and Socrates fooled themselves with their beautiful, their good, their wise. It was a grand discovery that there was no positive quality.
The terms the beautiful, the good, the noble, the grand, the perfect, these are all attributes of objects, and are relative to the beings who consider them. One must set this principle firmly in one’s head. It is the sponge of nearly every prejudice. It is the scourge of ancient philosophy, of Aristotle’s physics, of Plato’s metaphysics. And if you read the dialogues of that philosopher, you would find that they are nothing but a tissue of sophisms made from ignorance of this principle. Malebranche was done in with a thousand sophisms for his ignorance of it.
Cicéron, selon moi, est un des plus grands esprits qui aient jamais été : l’âme toujours belle lorsqu’elle n’était pas faible.
Deux chefs-d’œuvre : la mort de César dans Plutarque, et celle de Néron dans Suétone. Dans l’une, on commence par avoir pitié des conjurés qu’on voit en péril, et ensuite de César qu’on voit assassiné. Dans celle de Néron, on est étonné de le voir obligé par degrés de se tuer, sans aucune cause qui l’y contraigne, et cependant de façon à ne pouvoir l’éviter.
Virgile, inférieur à Homère par la grandeur et la variété des caractères, par l’invention admirable, l’égale par la beauté de la poésie.
Belle parole de Sénèque : Sic prœsentibus utaris voluptatibus, ut futuris non noceas.
La même erreur des Grecs inondait toute leur philosophie : mauvaise physique, mauvaise morale, mauvaise métaphysique. C’est qu’ils ne sentaient pas la différence qu’il y a entre les qualités positives et les qualités relatives. Comme Aristote s’est trompé avec son sec, son humide, son chaud, son froid, Platon et Socrate se sont trompés avec leur beau, leur bon, leur sage : grande découverte qu’il n’y avait pas de qualité positive.
Les termes de beau, de bon, de noble, de grand, de parfait, sont des attributs des objets, lesquels sont relatifs aux êtres qui les considèrent. Il faut bien se mettre ce principe dans la tête ; il est l’éponge de presque tous les préjugés ; c’est le fléau de la philosophie ancienne, de la physique d’Aristote, de la métaphysique de Platon ; et si on lit les dialogues de ce philosophe, on trouvera qu’ils ne sont qu’un tissu de sophismes faits par l’ignorance de ce principe. Malebranche est tombé dans mille sophismes pour l’avoir ignoré